
Cracovie


Cracovie juive
Comme une grande partie des villes de Pologne, l’histoire de Cracovie est fortement marquée par la présence d’une importante communauté juive dont les premières traces remontent au 13e siècle. Bénéficiant d’une relative protection de la part des autorités locales, les juifs contribuèrent à la prospérité économique de la ville et à son enrichissement social au fil des générations. Ils participèrent également à la vie politique jusqu'aux plus hautes fonctions, comme le maire de 1933 à 1939, Maurycy Kapellner (1875-1959), ou le rabbin Ozjasz Thon (1870-1936), député à la diète de 1919 à 1935.

La population juive passa de 25 870 en 1900 à 56 800 en 1931. Avant la Seconde Guerre mondiale, on estime que près d’un quart des habitants de Cracovie étaient israélites, soit une population juive de 60 000 personnes sur un total de 250 000 habitants environ.
Les juifs de Cracovie résidaient principalement dans le quartier de Kasimir dans lequel se trouvaient en nombre synagogues, écoles et institutions israélites ainsi que commerces et lieux communautaires.
La synagogue Remuh et son cimetière du 16e siècle, les synagogues Stara, Wysoka, Isaac et Kupa ou encore la Place Nouvelle constituent les derniers vestiges de ce qui fut l’un des plus éminents lieux de la culture yiddish en Europe centrale.
Cracovie pendant la guerre
En septembre 1939, Cracovie tombe aux mains de la Wehrmacht à la suite de l'accord de partage de la Pologne entre Hitler et Staline. Elle devient la capitale des territoires occupés polonais non intégrés au Reich, soit le Gouvernement général.
Le gouverneur général Hans Frank aménage des camps de concentration dans les environs de Cracovie, surtout à Plaszow. Bien que les occupants aient fait quelques dégâts, Cracovie a été globalement préservée des bombardements et de destructions massives mais elle a souffert de la perte de nombreux habitants : juifs et intellectuels ont été déportés. Ainsi, plus de 180 professeurs et scientifiques de l'université jagellonne de Cracovie, convoqués pour une conférence, y ont été arrêtés et déportés au camp de concentration de Sachsenhausen où une grande partie périt.
La shoah
90% des juifs de Cracovie furent assassinés par les nazis entre 1939 et 1945. L’holocauste a vidé la ville de ses habitants israélites qui furent déportés, avec une rare cruauté, dans les camps de concentration et d’extermination voisins. 20 000 d’entre eux furent temporairement enfermés dans le ghetto du quartier de Podgórze situé de l’autre côté de la Vistule.

Les rares survivants se heurtèrent par la suite à de nouvelles manifestations d'antisémitisme comme en témoigne le pogrom de Cracovie, le 11 août 1945. Ils furent également victimes de manipulations par le régime de Władysław Gomułka qui tenta de leur faire porter la responsabilité de ses échecs dans les années 1960 et organisa des procès politiques. Il resterait aujourd'hui à Cracovie environ 200 juifs polonais, pour la plupart des personnes âgées. Le martyre du peuple juif demeure incommensurable durant l'occupation allemande de la Pologne et Cracovie fut l’un de ses plus tragiques lieux.
Totalement laissé à l’abandon durant les cinquante années ayant suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale, le quartier de Kasimir connaît actuellement un fort renouveau touristique, principalement en raison du succès rencontré par le film de Steven Spielberg, La Liste de Schindler, réalisé sur place. L’œuvre du cinéaste met en lumière le rôle d’un industriel allemand qui sauva des centaines de vies en faisant travailler dans son usine des juifs promis à une mort certaine. Avec le pharmacien du ghetto, Tadeusz Pankiewicz, il reçut le titre de « Juste parmi les nations » du Mémorial de Yad Vashem de Jérusalem.
Le Ghetto
Le ghetto juif de Cracovie était l'un des cinq principaux ghettos créés par le Troisième Reich dans le Gouvernement Général en Pologne occupée, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Les nazis ont créé à partir du 3 mars 1941 le ghetto en dehors de ce quartier, sur l'autre rive de la Vistule, à Podgórze vidé à cet effet de la quasi-totalité de ses résidents non-juifs (3 000 personnes) pour laisser la place avant la fin mars à plus de 15 000 nouveaux occupants (en tout 45 000 y seraient passés durant ses deux années d'existence).


C'est dans ce ghetto que les nazis firent bâtir plusieurs usines et ateliers où des Juifs étaient astreints au travail forcé. La fabrique d'émail d'Oskar Schindler, qui parvint à sauver une partie de ses travailleurs (La liste de Schindler), se situait un peu plus à l'est, en dehors des limites du ghetto.
La première évacuation du ghetto eut lieu en juin 1942, organisée par Julian Scherner, et la suivante en octobre de la même année. Ses habitants étaient déportés vers les camps de la mort. Finalement, le 13 et 14 mars 1943, le ghetto fut totalement liquidé. Les vieillards, les enfants et les malades furent assassinés sur place ou déportés à Plaszow, Bełżec ou Auschwitz-Birkenau, et la grande majorité d'entre eux ne sont jamais revenus.
Plaszow
Ce camp de travail fut créé en décembre 1942 dans les faubourgs sud de Cracovie, en Pologne, sur deux anciens cimetières juifs. Le commandant était le Hauptsturmführer SS Amon Göth. Le 13 et 14 mars 1943 Amon Göth supervise en personne la liquidation du ghetto de Cracovie et fait regrouper les habitants à Płaszów.
Le camp était d'abord un camp de travail qui fournissait de la main-d'œuvre à différentes usines d'armement et à une carrière de pierre. Le taux de mortalité y était extrêmement élevé. De nombreux prisonniers dont des femmes et des enfants y moururent du typhus, de faim ou bien exécutés. Les conditions de vie se détériorèrent également du fait de la cruauté et du sadisme du commandant Amon Göth qui dirigea le camp entre février 1943 et septembre 1944. On estime que 50 000 personnes au total seraient passées par Płaszów, et qu'il y eut au minimum 9 000 morts (ce qui est le nombre des corps retrouvés dans les fosses puis brûlés à l'été 1944 par les unités chargées de faire disparaître les traces du massacre).


En janvier 1945, les gardiens du camp entraînèrent les survivants dans une marche de la mort qui les conduisit à Auschwitz, où ceux qui y parvinrent furent assassinés à leur arrivée. L'Armée rouge libéra le camp, alors vide, le 20 janvier 1945.
Cracovie reste aujourd’hui un lieu de mémoire important du judaïsme mais également de la culture polonaise.
Pour conclure la ville a le cœur tourné vers le passé mais le regard , lui , orienté vers le futur.
Cracovie ajourd'hui

Cracovie est, avec 756 441 habitants intramuros et 1 452 496 habitants (appelés Cracoviens) avec l'agglomération, la deuxième ville de Pologne avant Łódź (704 000 habitants intramuros).
Cracovie étant une ville intensément et de façon permanente étudiante (180 000 étudiants enregistrés en 2015), ce qui contribue à augmenter le nombre effectif d'habitants. Il en est de même avec les touristes (10 000 000 en 2015).
Elle est considérée, selon l'UNESCO, comme l'une des douze plus belles villes du monde. La variété de son architecture (gothique, baroque, renaissance) est une raison de sa reconnaissance. D'autant plus, que durant la seconde guerre mondiale, elle est restée intacte.
Elle est située à 300 km au sud de Varsovie, sur la Vistule.
Datant du 7ème siècle, c'est une des villes les plus anciennes et les plus importantes de Pologne, dont le patrimoine architectural est très bien conservé. La ville historique se situe au pied de la colline du Wawel.
Cracovie était, avant Varsovie, la capitale de la Pologne et elle est souvent considérée comme le véritable centre du pays avec ses traditions et son passé vieux de plus de 1 000 ans. Elle est le centre culturel et scientifique du pays, avec l’Université jagellonne de Cracovie, la deuxième plus ancienne université d'Europe centrale (1364, après celle de Prague fondée en 1348 ; celle de Varsovie date de 1816).
Cracovie est un centre culturel du passé et du présent, prenons comme exemple Karol Wojtyła évêque puis archevêque de Cracovie, avant de devenir pape en 1978, le premier pape non italien depuis 455 ans. La même année, le centre historique de Cracovie a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.